'Que la nuit est belle quand on attends plus rien d'elle James & Aurora

S
Vendredi soir, mon mari travaille, Nate n'est pas là. J'ai pour habitude de quitter assez tôt le vendredi, donc je profite d'être seule à la maison pour faire un peu de ménage, et quelques petits trucs par ci par là. Je devais quitter dans les alentours de dix-neuf heures ce soir là, et j'avoue que rentrer faire le ménage dans cette grande maison vide ne me donnait pas plus envie que ça ce soir. J'avais envie de sortir, même seule, histoire de manger à l'extérieur et de me changer un peu les idées. J'allais souvent au Wild Bill's, rarement seule, mais j'y allais de temps en temps, j'aimais bien l'ambiance de là-bas, un peu rustique, rien à voir avec ses bars haut de gamme que je fréquente par moment avec Miles. Le Wild Bill's, c'était plus de la détente, de la bonne ambiance. J'y allais de temps en temps avec James, un ami qui prends énormément soin de moi. C'est quelqu'un de génial, je sais pas ce que je ferais sans lui. Je me sens un peu boulet quand je lui raconte mes péripéties, mais lui ne me le reproche pas. J'essaye malgré tout de ne pas en parler, mais je n'ai pas eu trop le choix. Malgré tout, à part James en qui j'ai une confiance parfaite, je ne l'ébruite pas, c'est mon secret, point.

C'est donc en sortant du travail que je m'étais dirigé vers ce petit restau/bar, et m'étais installé à une table, commandant un petit truc histoire de me caler l'estomac, et un verre de vin rosé, léger, je n'ai pas l'habitude de trop boire. L'ambiance était là, et les gens parlaient beaucoup. Malgré tout, j'étais dans mes pensées, et je n'entendais pas réellement ce qui se passait autour de moi, ce n'était que du bruit. Je jouais avec ma fourchette dans mon assiette et tripotais le pied de mon verre par moment. Les yeux dans le vague, jusqu'à ce que quelqu'un s’assoit en face de moi. Je mis deux trois secondes à réaliser, puis un petit sourire s'afficha sur mes lèvres.

« James ! »

Quand il me dit que ça n'avait pas l'air d'aller, encore une fois j'eus un temps de réaction un peu long. Je regardais mon verre encore à moitié plein, il avait raison, je devais avoir l'air d'une dépressive assise seule comme ça dans un petit bar avec mon verre de vin ! Bon dieu quelle idiote.

« Ah non non t'en fais pas, ça va ! J'avais juste envie de sortir un peu, et je voulais déranger personne. »

Il plaisanta avec moi, mais sa phrase me fit réaliser que cette fois ci, ce n'était peut-être pas à moi de faire part de mes problèmes. Mon sourire se transforma en une sorte de moue peinée. Je le regardais dans les yeux, l'air étonnée. Je le connaissais, il blaguait beaucoup, mais bizarrement sa phrase m'interpella. Il plaisantait peut-être, mais je voulais en être sûre.

« James, ça va ? Assez parlé de moi pour une fois, je suis déjà assez lourde avec mes problèmes. »

Ça se trouve il n'y avait rien, mais bon, on ne sait jamais.

'Que la nuit est belle quand on attends plus rien d'elle James & Aurora

J
'avoue que je ne m'attendais pas à cette réaction. James à toujours été fort face à moi, et moi je passais mon temps à penser que j'étais la seule à avoir des problèmes... Je lui avait déjà demandé si quelque chose n'allait pas, et finalement il ne m'avait rien dit. Le voir craquer face à moi me fit paniquer, et me rendit triste à la fois. Je ne m'attendais pas à ça... Si j'avais su plus tôt ce qui n'allait pas, je n'aurais pas laissé traîner autant pour l'harceler. A croire que le fait que j'aie voulu sortir ce soir était un signe, et une bonne chose, sinon je ne l'aurais pas croisé, et il aurait passé sa soirée seul à boire pour noyer son chagrin. J'étais désemparée face à sa tristesse, je me sentais mal pour lui. A peine lui avais-je demandé si ça allait, qu'il me fuis du regard, comme pour me cacher encore une fois qu'il avait mal. Puis il grimaça, se forçant à retenir les larmes qui voulaient tracer leur chemin sur ses joues. Puis elles finirent par tomber...

En face de lui, je vins attraper ses mains, les serrant à l'intérieur des miennes, comme si ce geste pouvait le rassurer. Il allait être obligé de parler, alors je le laissais faire, je lui laissais le temps de se remettre avant de m'avouer ce qui n'allait pas. Il finit alors par le faire, me disant qu'il se pensait être un père médiocre depuis que la mère de son fils était partie, et qu'il n'était pas capable de s'en occuper correctement sans Charlie. Mais pour le peu que j'en ai entendu parler, il n'était pas comme ça. Il se dévalorisait, tout simplement. Je le regardais alors dans les yeux.

« Eh, ne dis pas ce genre de choses. T'es pas un père médiocre, loin de là, ne te dévalorises pas comme ça ! C'est sa mère qui l'a abandonné, toi tu fais de ton mieux pour qu'il soit heureux, et seul, c'est jamais facile. C'est normal que tu aies besoin de l'aide de Charlie, mais ce n'est pas pour autant que tu es un mauvais père, tu m'entends ? »

Je disais ça d'une traite, prouvant ma sincérité. J'étais toujours franche et sincère avec lui, et surtout naturelle. Je ne voulais pas qu'il se fasse du mal comme ça, alors qu'il se trompe, et se rabaisse plus bas que terre. Je ne voulais pas non plus qu'il s’apitoie sur une faute qui n'est pas la sienne. Il est seul, et élever un enfant seul n'a jamais été facile. Mais il fait de tout son possible, et ça ne veux pas dire qu'il est un mauvais père, loin de là. J'allais faire de mon possible pour lui remonter le moral, au fond, j'étais content qu'il se soit confié, ça se voyait qu'il en avait besoin.

« Faut pas garder ça pour toi aussi longtemps ! Tu sais que je suis là pour toi, James.. Tu écoutes mes complaintes tout le temps, alors ça peut bien être mon tour ! »

Je disais ça en souriant, pour le faire sourire aussi. Il fallait qu'il reprennes du poil de la bête, et aussi qu'il sache que quoi qu'il lui arrive, j'étais là pour l'écouter. Il ne fallait pas qu'il se renferme, en duo d'amitié, bah c'est comme un couple, on est deux. Je n'avais pas à être la seule à me plaindre de temps en temps.

« Rhô, t'excuses pas ! Ça fait du bien de craquer de temps en temps... »

Et c'était bien vrai, j'étais bien placée pour le savoir. J'allais rester avec lui, histoire de lui faire passer une bonne soirée, je n'allais pas le laisser rentrer chez lui dans cet état !

'Que la nuit est belle quand on attends plus rien d'elle James & Aurora

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es larmes avaient au moins arrêté de couler, alors je me disais qu'au fond mes paroles avaient sans doute marché. J'étais sincère, bien entendu, mais j'avais toujours peur d'être un peu maladroite, d'oublier certains détails... Mais visiblement j'avais tapé dans le mille, ce que j'espérais, c'est qu'il ne se retenait pas pour ne pas m’embarrasser. J'étais là pour lui, autant qu'il pouvait être présent pour moi. Je ne voulais pas qu'il se ménage sous prétexte qu'il pourrait me mettre mal à l'aise...  Il retira donc ses mains des miennes pour boire une bonne gorgée de sa bière, et ravaler sa peine à la même occasion. Malgré tout, j'avais l'impression qu'il ne me disait pas tout, mais je ne voulais pas appuyer là ou ça fait mal... Si il ne me le dit pas de lui même, j'essayerai de discrètement le placer dans la discussion.

« Je suis d'accord ! »

Je laissais alors mon plat de côté pour prendre mon verre de vin blanc que j'avais pris avec, et leva celui-ci pour trinquer à notre santé, à notre amitié, et toutes les bonnes choses qui pouvaient nous arriver.

« A notre amitié ! »

Nous trinquâmes, et j'étais prête à commencer la soirée. De toute façon, Jeremy n'était pas jaloux... Et avec James, il n'avait certes pas de raison, donc il ne s'inquiétait pas que je sorte avec lui le soir, il savait que j'étais entre de bonnes mains. Il travaillait ce soir, quand je rentrerais, il était possible qu'il ne soit pas encore rentré. Puis Nate... Il sortait de temps à autre, et ce soir il n'était pas là. La maison était donc vide, et Cassandra elle aussi était rarement là. Donc quand la maison était vide, il valait mieux sortir, une si grande maison sans animation, ça foutait le cafard.

James bu alors son verre, et demanda au serveur de nous resservir de nouveau. j'allais sûrement rentrer pompette, mais j'allais éviter d'abuser, je ne tiens pas l'alcool pour un sou. De toute façon je n'étais pas seule. James avait l'air de vouloir continuer jusqu'à finir par terre ! Je riais en le regardant boire son verre cul-sec alors que moi je sirotais le mien doucement. Il mis de la bonne musique, et revint s'asseoir avec moi. J'en profitais donc pour quand même aborder le sujet, parce que mine de rien je le connais, et ça me turlupine. Je tripotais donc mon verre tout en lui parlant.

« Au fait James.. T'es sûr que tu me dis tout ? »