citation
haque personne n'a d'idéal que si celui ci lui peut en jouir toute sa vie.
Cette optique, je l'ai connu bien jeune, et de manière assez strict. Il faut avouer que ça fait un peu stéréotype, mais les allemands sont comme ça, enfin, surtout mes parents. J'ai été élevé dans une famille aisée, même beaucoup, mon père étant patron de l'entreprise la plus connue d'une marque informatique à succès, et ma mère étant directrice d'une banque. Mon père voulait bien sûr que je reprenne l'affaire familiale, alors il faisait tout pour que je sois irréprochable sur tout les plans, toutes les matières, y compris l'art et la manière d'être. Ils étaient aussi très stricts sur mon éducation, qui fut droite. Langage soutenu, cours privés, ils utilisaient tout l'argent qu'ils pouvaient mettre dans mon éducation, vu que j'étais leur seul fils. Ils misaient tout sur moi, et je n'avais pas le droit à l'erreur. C'est comme ça que j'ai grandi, dans l'éducation la plus "parfaite", pour eux, possible. J'ai toujours donc été un garçon poli, obéissant et malgré tout un peu solitaire, même si j'avais quelques amis, que mes parents avaient bien sûr évalués avant, au cas ou ils auraient mauvaise influence. Ils faisaient surtout attention que les gens qui m'approchent, n'en veulent pas à mon argent, que ce soit des adultes ou des enfants. Il est vrai que j'ai souvent été confronté à ça, au profit, à la fausse amitié basée sur les fonds de mes parents, et même certaines mères riaient en disant que je serais leur futur gendre, mais malgré mon éducation, ce n'était pas pour ça qu'elles auraient bien voulu m'avoir au sein de leur famille. Même si mes parents étaient très bien vus, notre famille était jalousée. L'argent régit le monde, et je l'ai bien appris avec le temps.
Malgré tout, je ne suis pas resté en Allemagne très longtemps. C'est a partir de l'âge de neuf ans que le centre principal de l'entreprise de mon père avait muté au Brésil. Nous avions donc été dans la contrainte de déménager. Je ne comprenais pas tout à cette époque, mais je savais que j'allais avoir du travail en plus, apprendre une nouvelle langue, travailler différemment. Nous avons donc déménagé à Sao Paulo, dans une grande villa, bien placée dans les hauts quartiers. Aussitôt arrivé, mes parents reprirent leurs habitudes, et cherchèrent à embaucher une gouvernante, femme de ménage, et qui pouvait me garder le soir quand je rentrais de l'école, malgré que j'aie déjà un chauffeur, et un valet. Ils embauchèrent alors une femme du pays, qu'on payait au lance pierre, mais soit. Cette femme avait une fille, avec qui j'ai passé la majorité de mon enfance : Emma. Je me souviens d'elle, une jolie brune, avec de longs cheveux. Enfants, nous étions de grands amis, on se voyait tous les jours, vu que sa mère travaillait chez nous. On passait la majorité du temps ensemble, et avec quelques copain, mais je la considérais comme plus proche, comme une soeur que je n'avais pas eu, en quelque sorte. Je l'adorais, et je jouais mon rôle de garçon/homme en la protégeant. Ce ne sont que de bons souvenirs, malgré le fait que mes parents m'empêchaient des fois de la voir parce que je devais travailler. Je sais que ça la rendait triste aussi, et il m'est arrivé de faire le mur pour aller la voir ! Première désobéissance à mes parents, heureusement qu'ils n'ont jamais su, parce que chez moi, les punitions aussi étaient à l'ancienne... Coup de règle sur les doigts, fessée ou claque. Du moins, c'est ce qu'ils m'avaient dit, vu que je n'avais jamais déçu mes parents, je n'en avais jamais reçu.
Le temps passait, et nous avons passé une bonne majorité de notre enfance, adolescence ensemble. Mais nos chemins se sont séparés, après cette période de notre vie, ou j'ai quitté l'université, obtenu un diplôme de commerce. J'avais quelques regrets de ne plus la voir, même si j'avais de temps en temps de ses nouvelles, ce n'était pas assez, après tout, elle était une partie intégrante de ma vie. Le temps passe, et entre temps, j'ai rencontré Rain. Je devais avoir vingt-deux ans. C'était une fille qui faisait partie de l'entreprise de mon père, dans laquelle je débutais en tant que jeune Directeur artistique 'en stage' pour le moment. Elle était comme mon assistante. Nous avons très vite familiarisé, puis un jour, j'ai décidé de l'emmener boire un verre. Elle était adorable, gentille, douce. Une femme digne de ce nom.
Je ne peux pas expliquer comment je suis tombée amoureux d'elle. Ses yeux, son charme, sa façon d'être, et le fait d'être souvent ensemble, nous nous sommes très vite rapprochés. Nous étions en couple depuis deux ans, quand j'ai décidé de la demander en fiançailles. J'avais vingt quatre ans, elle aussi. Je lui ai offert une bague devant tout le bureau ou j'étais désormais véritable directeur artistique. Elle accepta alors, les larmes aux yeux. Cette femme, je l'avais choisie, et pas au hasard. Nous avons donc emménagé ensemble, dans un quartier de Rio, pas trop loin non plus de mon boulot. Je lui avais payé une vraie maison, comme elle le voulait, avec de la place pour deux, et même pour plus si besoin. J'étais fier d'avoir une femme comme elle... Et des fois il m'arrivait de repenser à Emma, et à mes souvenirs. Qui aurait su qu'un jour nos chemins se sépareraient ? Elle était comme ma petite soeur. j'aurais aimé que Rain la connaisse.
Et c'est d'ailleurs quand on parle du loup, qu'on en voit la queue... Alors que je sortais du boulot un soir, j'ai eu le 'bonheur' de croiser Emma. Après plus trop de nouvelle, je la retrouvais devant moi, l'accablant malgré tout d'un grand sourire. Elle faisait une tête différente de d'habitude, j'avais l'impression qu'elle avait quelque chose de grave à me dire. En fait c'était pire que ça...
« Qu'est ce que tu fais ici Emma ? Ca va pas ? »
« Ecoute... »
J'en restais bouche bée. Je n'avais pas imaginé ça. Mais quel idiot moi aussi ! Les femmes étaient beaucoup plus sentimentales il faut dire. Mot pour mot, elle m'avait dit qu'elle m'aimait. Son visage était triste, et heureux à la fois de m'avoir avoué ça. Malgré tout... Je l'aimais énormément... Mais pas comme elle. Ça me fit mal au coeur de briser le sien de cette manière, ce n'était pas mon genre, je n'étais pas ce genre de garçon... Mais il fallait que je lui dise la vérité.
« Emma... Je suis désolé, je ne veux pas te blesser, loin de là... Mais pour moi, tu sais que tu as toujours été comme ma petite soeur... Et c'est toujours le cas... Je n'éprouve pas la même chose, je suis désolé. »
______________________________
Cette rencontre et cet aveu m'avait perturbé. Je suis rentré chez moi, avec ça dans la tête, et je me sentais coupable. Malgré tout... J'avais l'impression d'avoir fait quelque chose de mal. Ça me turlupinait, et j'avais l'esprit ailleurs. Et dire que j'allais me marier dans quelques mois. C'est justement ce que Rain me rappela, le lendemain. L'air un peu las, je lui ai avoué que je n'étais pas d'humeur à parler de ça, et surtout, qu'il ne fallait pas se précipiter pour le mariage... Je ne pensais pas qu'elle allait le prendre aussi mal. Elle pleura, et se sentie trahie. Sur le moment, je ne dis rien, moi même j'étais trop perturbé, et je ne savais même pas pourquoi je faisais ça. Je l'aimais, Rain, c'était la femme de ma vie ! Pourquoi j'agissais ainsi depuis que j'avais revu Emma ? Sans dire un mot, j'entendis la porte claquer, après avoir entendu Rain faire sa valise, et partir. Elle avait dû repartir chez ses parents. J'étais seul, devant ma porte, comme un idiot. Les mains sur mon visage, soupirant, j'avais l'impression d'être un monstre. J'avais fait du mal non pas à une, mais à deux femmes. Seulement... Rain était tellement importante pour moi. Tellement que j'en revins rapidement à mettre la faute sur Emma. Après tout, elle était fautive, et coupable de ma réaction ! C'était un enfer, il fallait que je la retrouve. Et qu'ensuite, je récupère Rain.
________________________________________
Le temps passait. Rain n'était pas revenue, je me demande si elle avait refait sa vie. Et moi j'essayais de la joindre, sans réponse. Tout en cherchant à retrouver Emma. J'ai mis tout au plus deux ans pour la retrouver. Elle s'était bien planquée, mais le fait d'être connue dans son petit village ou elle s'était mis, l'a trahie. J'étais enfin prêt à tout lui dire. Il fallait que je vide mon sac, je vivais trop dans le passé, avec Rain. Mais elle me manquait...
« Tu te rends comptes que t'as foutu mes fiançailles en l'air ? Ma femme est partie, depuis deux ans, deux ans que je te cherches, deux ans que je suis seul, et tout ça à cause de toi ! Si tu ne m'avais rien dit, peut-être que je n'en serais pas là aujourd'hui ! »
Et ça continuait. Je m'énervais, alors que ça ne m'arrivait jamais en dehors du boulot. Et sans que je ne le vois venir, je me rapprochais d'elle, et sous l'énervement, j'ai saisi son visage, et je l'ai embrassée. Oui, comme ça, sans raison, enfin... Après ce baiser qu'elle me rendit, plutôt passionné, j'étais encore plus perturbé. Et si c'était ça le problème ? Moi ? Mes sentiments ? Je me dégoûtais. J'avais tout gâché. Je la regardais alors, en reculant après tant de mots méchants, et ce baiser si soudain. Puis je finis par partir, la laissant sans nouvelles.
C'est depuis ce moment que je n'ai revu ni Emma, ni Rain. Plus de nouvelles, et je suis seul dans ma grande baraque au centre de Rio... A croire que je n'avais que des reproches à me faire, mais la vie est ainsi.