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-Tu peux me passer le sucre s'il te plaît ? Sans relever les yeux de ma préparation, je tends le bras pour que ma colocataire française me passe le bocal de sucre. Ceci fait, je m’empare d’une cuillère à café et d’un récipient que je pose sur la balance. Sans faire plus attention à ma coloc, je commence à peser tout en surveillant le repas du soir dans le four.
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Tu comptes me dire qui est ce James qui t'a envoyé une lettre ? -Hein ? Quoi ? S’il y avait bien une chose que je détestais par dessus tout c’était qu’on m’empêche de cuisiner. Déjà petite, je piquais des crises de pleurs lorsque quelqu’un venait me parler quand je préparais un gâteau au yaourt.
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James Hood. Il t’a envoyé une lettre ! Tu t’es enfermée dans ta chambre pour la lire et tu n’en ai sortie qu’une heure plus tard ! Je percute alors mais refuse de lui donner la moindre explication.
-Non. La farine s'il te plait.Du coin de l'oeil, je la vois se lever du tabouret et prendre la farine pour me l’apporter. Dommage pour moi, Sophie n’est pas du genre à abandonner facilement et aussitôt la farine dans mes mains, la jolie française repasse à l’attaque.
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Ta copine, Inyta...-
Inaya, dis-je en la coupant.
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Oui, Inaya répéte Sophie avec son fort accent.
Bref elle dit que tu le connais depuis que t'es enfant et que tu l'aimes depuis presque aussi longtemps.Je tourne la tête d'un coup, les yeux grands ouverts. Comme à chaque fois que je suis embarrassée, le rouge me monte aux joues tandis que j’ai du mal à trouver mes mots.
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Je...Qui...Comment elle a dit...Je veux dire pourquoi elle a dit ça ? C'est...Faux, complètement faux...On...Amis...Juste amis...Je n’arrive pas à croire qu'Inlay a lâché le morceau comme ça, à la première venue. Bon d'accord, Sophie n'était pas n'importe qui, ça faisait presque trois ans que nous étions colocataire mais tout de même... Iny a de la chance qu'un océan se trouve entre nos deux pays. D’ailleurs je ne laisserai pas passer ça. Après tout, jamais je n’avais dis que j’aimais James. Tout ça, elle l’avait déduit sans que je n’affirme quoi que ce soit. Furieuse, je reporte mon regard sur ma crème pâtissière. Sophie qui semble se rendre compte qu’elle a été trop loin pose sa main sur ma joue pour me forcer à croiser son regard.
-Elle n'a rien dit en fait, juste que vous vous connaissiez depuis gamin. Mais au vue de ta réaction, j'en déduis que j'ai visé juste.Poussant un soupire, je me contente de baisser le four tout en pensant à ce qu’elle vient de me dire. Mine de rien, je sais qu'elle a raison. J'avais espéré que l'éloignement me permettrait d'oublier James mais il fallait croire que non.
Attention, je n’ai jamais fuit Memphis, bien au contraire. En fait, James a été le premier à partir, pour l’armée. Quant à moi, j’ai toujours rêvé d’ouvrir ma propre pâtisserie et c’est donc tout naturellement qu’à mes dix-huit ans j’ai vidé mon compte en banque, dit au revoir à ma famille et pris l’avion pour la capitale française.
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Ecoutes, ça fait 3 ans que lui et moi on s’est pas vu. Il n’y a rien à dire. Il me plaisait mais j’ai pas tenté et maintenant c’est trop tard. -Il n’est jamais trop tard, réplique Sophie. -Si tu le dis…Je ne me sens pas de rentrer dans une telle discussion. Il ne me reste qu’une semaine avant de quitter la France pour Memphis et je ne veux pas penser à ce que je trouverais là bas.
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Chère Sophie,
Le retour à la vie américaine a été plutôt mouvementé. En fait ces quelques semaines, j’ai regretté ne pas être à Paris, loin de tout. Les choses, les gens ont changés. James surtout. C’est plus facile de te parler de lui par écrit, dans deux pays différents alors s’il te plait, ne lève pas les yeux au ciel en te disant que tu avais raison.
J’aime James, vraiment. C’est d’ailleurs le seul homme que je n’ai jamais aimé mais je me sens … Trahis. Il a un enfant, un petit garçon. Lucas. C’est un très jolie prénom et d’ailleurs Lucas est le portrait de son père, les mêmes yeux que lui, le même petit sourire mais il n’empêche que la pilule a du mal à passer. Personne ne m’avait rien dit. Ni Inaya, ni ma famille ni James, surtout pas James.
Il n’est pas en couple, la mère du petit les a abandonné et si j’a tout compris, c’est sa coloc qui élève l’enfant mais je me sens perdue, complètement abattue. Pour le moment, je ne veux voir personne. J’évite tout le monde. Chacune des personnes que j’aime m’a menti et je sais pas si j’arriverais à tourner la page.
C’est stupide le coup des lettres mais je n’ai pas encore internet dans mon nouvel appartement du coup …
Bref, j’espère que tout va bien et que ton nouveau coloc sera mignon et gentil.
Je t’adore.
Lex <3
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Ma Sophie,
Finalement, je trouve ça cool de t’envoyer des lettres, j’aime bien écrire. Alors comme ça tu as décroché le jackpot ? Heureuse que tu m’ai remplacé au plus vite.
Sache que j’ai suivis tes conseils et j’ai parlé à James. Il s’avère que la mère de Lucas n’était qu’un coup d’un soir. Est-ce que ça fait mal ? Oui. Mais je ne peux pas lui en vouloir de passer du bon temps avec des femmes. Après tout, nous ne sommes pas un couple. Il m’a dit qu’il s’était senti prêt à se mettre en couple et même s’il m’affirme que c’était juste pour le bien de son fils, je ne peux m’empêcher de penser que peut être, il avait de l’amour pour cette fille…
Mais bon, tu me connais, je me pose souvent des questions. Et James et mon sujet préféré (ça tu ne le savais pas !) J’ai passé un peu de temps avec son fils mais ce jour là, il y avait une autre femme. Pas la « mère » de Lucas, non non une autre. Aurora.
Toi aussi tu trouves que ça fait trop de femme dans sa vie ? Je te jure, je crois rêver. Entre la coloc/mère et cette Aurora … Je ne dis rien mais j’en pense pas moins.
Je te souhaite bonne chance avec monsieur muscle.
Tu me manques,
Lex.